23

Nelson Henry reçut un coup de téléphone qui l’inquiéta grandement.

Un détective privé voulait le voir pour lui poser des questions sur les araignées. Il avait obtenu son nom par un réseau de connaissances de Portland.

Henry se servit une rasade de bourbon qu’il engloutit aussi vite. Que fallait-il faire ? Sa main gauche tenait le verre vide, la droite était posée sur le téléphone. Appeler ses amis ? Les prévenir ? Leur demander conseil ?

Non, bien sûr, si le privé avait des connaissances, c’était certainement dans la police, on pourrait retracer le coup de fil. Non, il fallait la jouer profil bas, répondre à toutes les questions, ne surtout pas se rendre suspect. Oui, mais allait-il pouvoir jouer la comédie ? Tout à fait ! Il le faisait en permanence avec ceux qu’il côtoyait, alors que l’autre soit détective privé ou pas ne changeait rien. Si personne ne l’avait jamais confondu ça n’était pas cet inconnu qui allait y parvenir !

— Nelson, respire. Il n’y verra que du feu, se dit-il.

Il se servit encore un peu de bourbon et attendit que le carillon sonne, une heure plus tard.

Ils étaient deux sur le gazon brûlé par le soleil du début d’après-midi. Un homme, ce Joshua Brolin, et une femme. Plutôt belle, bronzée, avec de longues boucles d’ébène couvrant le voile de sa chemise. Celle-ci était tellement transparente qu’on pouvait voir le petit débardeur qu’elle portait en dessous. Henry apprécia.

L’homme vint à sa rencontre, apparemment insensible à la chaleur malgré son jean et son t-shirt noir. Ce type est taré, songea Henry. Jusqu’à ce que Brolin soit assez près pour qu’ils puissent se voir dans les yeux. Nelson Henry se sentit alors obligé de détourner le regard, un instant. Il ne s’était pas attendu à une telle intensité.

— Monsieur Henry ?

Celui-ci redressa la tête et s’humecta les lèvres.

— Oui, moi-même. Vous êtes le détective privé, j’imagine...

— Oui, approuva Brolin en montrant sa carte. Et voici mon associée, Annabel.

— Entrez, venez, on ne va pas rester dehors avec un temps pareil.

Ils le suivirent dans la maison. Nelson Henry vivait à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Portland, à l’entrée des monts Tualatin, dans une bâtisse en bois à l’écart du village de Rock Creek. C’était un coin reposant, avec peu de voisins, de grandes étendues d’herbes et des bois pour toute clôture, Nelson Henry n’était importuné par personne. L’intérieur de sa demeure était comme on pouvait s’y attendre en la voyant de l’extérieur : sobre et commun. S’il n’y avait eu les cadres avec photos et quelques numéros d’une revue de pêche cela aurait pu être la maison de n’importe qui d’autre. Il n’y avait pas de souvenirs de voyage accrochés partout aux murs, ni la moindre marque d’excès, même la télévision était banale au possible : un modèle vieux de quinze ans au moins.

— J’espère que nous ne vous dérangeons pas ? interrogea Brolin après avoir glissé son regard sur la bouteille de bourbon ouverte sur la table basse.

— Non, d’habitude le samedi après-midi je me promène, mais il fait si chaud en ce moment que je tourne en rond chez moi. Alors, que puis-je faire pour vous ? Je ne vous cacherai pas que c’est pas tous les jours que je reçois des détectives privés.

Il leur fit signe de s’asseoir dans le canapé en face de lui.

— On m’a dit que vous êtes un expert des araignées, vous travaillez avec le laboratoire du musée d’histoire naturelle de la ville, si mes sources sont bonnes.

— C’est exact. Quant à « expert », je dirais plutôt « passionné ». Qui vous a donné mon nom ?

C’était là le point sensible pour Henry.

— Une amie journaliste, spécialisée dans les articles scientifiques ayant un rapport avec Portland ou l’Oregon. Elle a un carnet d’adresses bien fourni, elle a passé un coup de téléphone au musée, et ils lui ont parlé de vous.

Henry se détendit un peu. Il aurait dû y penser, c’était le plus évident.

— Bien sûr... lâcha-t-il, se libérant en même temps d’une grande tension.

Il devait cependant se montrer prudent, tout danger n’était pas écarté.

Annabel scruta leur interlocuteur. Il devait avoir la cinquantaine, de taille moyenne, avec la bedaine propre à beaucoup d’hommes de son âge. Il était impeccablement rasé, même pour un samedi, et n’avait pas à proprement parler l’air commode. Ses rares cheveux étaient blancs et se dressaient en touffes clairsemées, détail qui aurait pu amuser la jeune femme s’il n’y avait eu les circonstances.

— Ma question va vous sembler étonnante j’imagine, prévint Brolin, en fait j’aimerais savoir comment on fait pour récolter de la soie d’araignée.

— En récolter ?

— Oui, en faire une provision en vue de tisser un cocon soi-même.

Henry se passa la main devant la bouche. Après un silence il secoua la tête.

— C’est impossible, se contenta-t-il de dire.

— Comment ça ? s’étonna Annabel.

— On ne peut pas « récolter » de la soie pour la bonne et simple raison qu’on ne peut pas faire d’élevage d’araignées dans ce but.

— Je croyais que certains amateurs se constituaient leur propre vivarium ? renchérit Brolin.

— Oh, ça oui, le problème n’est pas là. Il est dans l’idée même de faire de l’élevage en batterie pour récolter de la soie. Je vais être plus clair : la soie d’araignée fait le dixième du diamètre d’un cheveu humain, pour obtenir suffisamment de fil pour confectionner un t-shirt, il faudrait épuiser plusieurs centaines d’araignées quotidiennement. Vous imaginez le rendement ? Quand on ajoute à cela que les araignées sont très peu sociales et qu’elles ont l’instinct territorial, vous voyez ce que ça peut donner ! Laissez-les les unes à côté des autres et elles s’entredévoreront. Autant dire que la récolte de la soie d’araignée est un mythe, une utopie.

Brolin se rembrunit. Il devait pourtant y avoir une explication. Il décida de livrer une parcelle de vérité :

— Pour tout vous dire, nous avons trouvé un cocon, un cocon de très grande taille, plusieurs dizaines de centimètres. Un expert l’a authentifié comme étant en soie.

Nelson Henry remua dans son fauteuil. Il guetta ses deux vis-à-vis, cherchant à s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’une blague. Ils avaient l’air tout à fait sérieux.

— Je... J’aimerais bien voir ça, souffla-t-il enfin. Qu’il s’agisse de soie d’araignée est tout simplement impossible, sans aucun doute. En revanche c’est peut-être de la soie de bombyx, le ver à soie. Ça serait très difficile à faire et d’un prix défiant l’imagination, mais là au moins ça ne tient pas du domaine de la science-fiction.

Brolin serra les dents. L’entomologiste de la police avait été catégorique sur ce point, c’était bien de la soie d’arachnides et pas de lépidoptères.

— Serait-il possible d’y jeter un coup d’œil ? demanda Henry.

— J’ai bien peur que non. Les autorités en gardent l’accès.

— Ah ? Les autorités. La... La police est mêlée à ça ?

— Plus ou moins, je ne peux pas en dire plus pour le moment, je suis navré.

— Mais, euh, où l’a-t-on trouvé, ce cocon ?

— Je ne sais pas, monsieur Henry, je travaille pour un particulier, c’est une affaire compliquée dont nous n’avons nous-mêmes pas tous les éléments.

Brolin préférait mentir et jouer sur l’ignorance. En revanche, sa propre curiosité était à son paroxysme, il revint à la charge :

— J’ai lu quelque part que les propriétés de cette soie d’araignée étaient incroyables, cela n’a-t-il jamais intéressé les laboratoires de recherche ? N’existe-t-il pas de production industrielle ?

Henry déglutit en cherchant sa bouteille de bourbon. Il la vit mais n’esquissa aucun geste en sa direction. Pas maintenant, quand ils seront partis. Continue de parler.

— Encore une fois, insista-t-il, à moins de disposer de millions d’araignées renouvelables en permanence, d’être au fait d’une technologie de pointe dans des laboratoires gigantesques, à un coût prohibitif, non, personne n’a jamais réussi à produire une telle soie en grande quantité, et ça n’est pas faute d’avoir essayé. L’armée a longtemps sué là-dessus avant d’abandonner. En revanche, si ce sont les propriétés de la soie qui vous intéressent, il y a bien quelques groupes d’industriels qui font des travaux là-dessus. Dont l’un se trouve ici, à Portland. NeoSeta. Ils travaillent sur des manipulations génétiques pour obtenir de la soie dans le lait des vaches.

Annabel écarquilla les yeux.

— Je vous assure que c’est vrai, insista Henry. Et le gouvernement prend très au sérieux ces recherches, à tel point qu’il en finance une partie.

Brolin nota le nom de NeoSeta sur son calepin.

— La communauté des mordus d’araignées, comment les appelle-t-on, les arachnophiles ? ne doit pas être très étendue, j’imagine. Vous discutez entre vous, vous vous rencontrez ? interrogea Annabel.

— Détrompez-vous, il y a énormément de gens que les araignées fascinent. Vous n’avez qu’à aller sur Internet, vous allez voir. Il y a beaucoup de sites consacrés à nos petites amies à huit pattes.

— Et dans la région, vous-même vous connaissez d’autres personnes qui s’y intéressent ?

Henry se gratta nerveusement l’avant-bras.

— Eh bien, euh, il y en a quelques-uns, comme partout, enfin pas que je connaisse personnellement. Vous savez, on vient me voir au musée de temps en temps, pour me demander mon avis. Tenez, la semaine dernière, un homme m’a apporté le cadavre d’une de ses mygales pour que je l’autopsie et lui confirme qu’elle n’avait pas un parasite. Il avait peur que tout son élevage soit contaminé.

— Vous vous rappelez son nom ? voulut savoir Annabel.

— Mademoiselle, si vous comptez interroger tous les amateurs d’araignées, vous allez y passer du temps, croyez-moi, même en vous focalisant uniquement sur Portland et sa banlieue. Rien qu’avec la présence de NeoSeta qui doit employer une quinzaine de spécialistes, vous avez de quoi faire. Ce sont des créatures à la mode depuis dix ans, les gens se prennent d’affection pour les serpents, les scorpions ou les araignées. Ça va bientôt devenir chic d’avoir un terrarium dans son salon.

Il soupira, les sourcils froncés. Puis il se leva et tira un stylo et un bloc de papier du tiroir d’un secrétaire. Il griffonna quelque chose sur une feuille qu’il arracha avant de la tendre à la jeune femme.

— Tenez, c’est l’adresse d’une boutique en ville, c’est là que la plupart des passionnés se fournissent, du moins les plus experts. C’est cher mais la propriétaire sait ce qu’elle fait. Pas comme toutes ces chaînes animalières où on vous vend des tarentules adultes, infestées de virus.

Annabel et Brolin échangèrent un coup d’œil rapide et se levèrent à leur tour. Ils le remercièrent vivement, et lorsqu’ils furent dehors, Henry s’appuya sur la porte et ferma les yeux, il suait.

Dieu, que c’était passé près.

Cette fois, il avait bien cru qu’il était fait.

Maléfices
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